Bruno Le Maire était auditionné cet après-midi par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale sur les perspectives du Plan de relance de l'économie.

Le ministre a défendu le bilan des premières semaines de gestion de la crise, soulignant "l'efficacité" des aides mises en place pour accompagner les entreprises.

Trois risques majeurs pourraient néanmoins affecter la relance de l'économie s'ils ne sont pas rapidement évacués. Au niveau national, le risque de la multiplication des faillites d'entreprises est réel, en particulier des TPE, avec un impact pouvant être sévère sur l'emploi. De même, il est essentiel de soutenir des entreprises stratégiques, comme dans le secteur automobile, au risque de voir des investisseurs étrangers s'emparer de ces actifs stratégiques.
Au niveau européen, le risque est un délitement de la zone euro avec des disparités trop fortes entre les pays.
Le troisième risque porte enfin sur le déclassement de l'Europe face à la Chine, notamment au niveau investissements dans les technologies d'avenir.

Bruno Le Maire a averti que cette crise ne mettra pas fin à la mondialisation. Le vrai combat doit donc porter sur la redéfinition des règles de la mondialisation, qui doit se conjuguer avec le respect de l'environnement, des frontières, et des intérêts économiques de la France.

1/ Réponse immédiate à la crise : protéger les entreprises

- Le choix économique et stratégique qui a été fait est de protéger en priorité les compétences des entreprises. A ce jour, 11 millions de salariés ont eu accès au chômage partiel.
- S'agissant du PGE, 48 milliards d'euros ont d'ores et déjà été accordés à plus de 300 000 entreprises.
- S'agissant du Fonds de solidarité, Bruno Le Maire s'est dit prêt à renforcer le dispositif pour les secteurs les plus impactés, notamment les établissements qui demeureront fermés le 11 mai (restauration, etc.). Pour ces secteurs, le fonds sera ouvert aux entreprises de moins de 20 salariés, le plafond de chiffre d'affaires sera relevé à 2 millions d'euros, et l'aide du second volet sera portée à 20 000 euros.
- Enfin, le Gouvernement a souhaité soutenir massivement les entreprises industrielles stratégiques du pays - à l'instar de Fnac Darty, Air France, etc. Le Ministre a rappelé que le soutien à Air France n'est pas un chèque en blanc, le Gouvernement ayant fixé des conditions de compétitivité et de respect d'objectifs environnementaux. Le Gouvernement sera intraitable concernant le conditionnement des aides au respect d'objectifs environnementaux.


2/ Favoriser le retour à l'activité dès le 11 mai

Le Gouvernement est entièrement mobilisé pour favoriser le retour à l’activité dès le 11 mai. Cela suppose un travail très important sur les guides de bonnes pratiques.

Bruno Le Maire a annoncé que les indépendants seraient autorisés à débloquer leurs fonds disponibles sur le Fonds Madelin pour compléter leur revenus.


3/ Repenser le modèle économique de la France

Selon Bruno Le Maire, cette crise constitue une occasion "historique" de repenser le modèle économique français. Toutefois, aucune mesure de relance de l'économie ne sera annoncée avant la rentrée prochaine.
Le Plan de relance, mis en place à partir de la rentrée 2020, reposera sur 4 piliers : le soutien à l'investissement, le soutien à la demande (les deux étant complémentaires), un soutien spécifique à des secteurs particuliers et stratégiques (tourisme, aéronautique et industrie automobile), une stratégie de relance européenne.

- La priorité du Gouvernement portera sur la décarbonation de l'économie. Bruno Le Maire a été très ferme sur le sujet, assurant que le Gouvernement ne transigerait pas sur la transition écologique et énergétique dans le cadre du plan de relance.
- Le second pilier portera sur la relocalisation des chaines de valeur, qui a déjà été engagée dans certains secteurs comme les batteries. Pour cela, le ministre a évoqué la nécessité d'une politique fiscale attractive, et de penser les chaines de valeur au niveau global, de la matière première jusqu'au développement du produit. La France devra également continuer à investir dans les technologies de pointe pour être leader au niveau européen.
- Le troisième pilier portera sur la lutte contre les inégalités, qui passera, entre autres, par la réduction des écarts salariaux. Certaines entreprises ont déjà montré l’exemple pendant la crise, en réduisant les salaires de dirigeants.
- Enfin, un plan de relance cohérent ne se fera que dans le cadre d'un renforcement de la coopération européenne, en matière de politique industrielle, de politique de concurrence, en remettant une taxe carbone aux frontières et en taxant les géants du numériques de façon plus juste.

Concernant le CNPA, nous avons été auditionnés aujourd'hui par le Sénat sur la situation des services de l'automobile, et participé à une réunion du comité stratégique de filière automobile sous l'autorité de la Ministre Agnès Pannier-Runacher.
Nous aurons un nouveau contact avec Bruno Le Maire lundi prochain.

Bien à vous,

Xavier Horent, Délégué Général / PO. Francis Bartholomé, Président national