Donner une perspective aux entreprises et retrouver une dynamique collective

En ce début d’année 2021, dans un contexte de crise sanitaire qui est, par nature, imprévisible, le manque de perspectives sur l’activité a un impact direct sur le moral des chefs d’entreprises des services de l’automobile et de la mobilité, qui ont une perception négative pour les prochains mois. En effet, d’après l’enquête réalisée par le CNPA en janvier 2021, près de 75 % des chefs d’entreprise ont un moral dégradé ou fragile. Plus de 63 % d’entre eux pensent que la situation sera dégradée dans les prochains mois, tandis que 34 % pensent qu’elle n’évoluera pas. Pour 73% d’entre eux, ils ressentent le moral de leurs équipes comme étant fragile voire dégradé. Enfin, 71% des chefs d’entreprise restent sceptiques sur leur capacité à passer la crise.

La situation économique de ces derniers mois affecte considérablement le moral des entreprises : 54 % d’entre elles ont vu leur trésorerie se dégrader par rapport à janvier 2020. Parmi les secteurs les plus touchés :

  • Les loueurs de véhicules connaissent toujours à l’heure actuelle une baisse d’activité préoccupante – s’élevant à -60% des réservations, et jusqu’à -75% dans les aéroports ;
  • Par rapport à N-1, les concessionnaires de véhicules industriels, les centres de lavage et les stations-service accusent une perte moyenne de chiffre d’affaires entre -10% et -25%. Les concessionnaires de véhicules particuliers et deux-roues accusent quant à eux une baisse de chiffre d’affaires s’élevant à -9 et -4% ;
  • L’impact de la crise sur la trésorerie est souligné par 57% des écoles de conduite et par 60% des centres de contrôle technique ;
  • La baisse du chiffre d’affaires des ateliers de réparation a été plus modérée mais avec des impacts contrastés : sur l’année 2020, les ateliers de mécanique ont subi une baisse de chiffres d’affaires de 9% ; quant aux ateliers de carrosserie, cette baisse s’élève à -20% de leur activité.

Les mesures de couvre-feu en vigueur depuis la fin du mois de décembre ne contribuent pas à améliorer la situation globale des entreprises : 63% d’entre elles estiment que le couvre-feu est un frein à leur activité. C’est particulièrement vrai dans le secteur de l’entretien et la réparation automobile (62% des répondants), les écoles de conduite (61% des répondants), du contrôle technique (67% des répondants), du dépannage-remorquage (95% des répondants), ainsi que pour les loueurs de véhicules (100% des répondants) et les parcs de stationnement (100%). Le manque de temps des clients pour se rendre dans les ateliers et les showrooms après leur journée de travail est l’une des principales raisons de cette baisse d’activité. La diminution du temps de travail et du temps d’accueil de la clientèle explique en grande partie la baisse de chiffre d’affaires des entreprises en cette période.

L’impact sur l’emploi se fait ressentir dans certains secteurs d’activité de la filière, où les entreprises ont été contraintes d’organiser des baisses d’effectifs. 19,5% des entreprises ont ainsi dû se séparer de collaborateurs. 27% des concessionnaires de véhicules particuliers ont ainsi baissé leurs effectifs, 27% des carrossiers, 19% des centres de contrôle technique et 18% des écoles de conduite. Seulement 7 % des entreprises répondantes ont continué à embaucher en 2020.

Les effets de la crise sur l’emploi semblent durer puisque 18 % des entreprises déclarent projeter baisser leurs effectifs salariés dans les mois à venir. A peine 10% des entreprises souhaitent embaucher dans les prochains mois.

Dans ce climat d’incertitude et d’attentisme, les chefs d’entreprise ont des difficultés à projeter les budgets prévisionnels et les équipes en 2021. Les contraintes générées par le couvre-feu sont extrêmement importantes pour l’ensemble des acteurs. L’épargne de précaution est à son plus haut niveau. Dans un tel contexte, il est primordial de redonner une perspective aux entreprises et de retrouver une dynamique collective.

Le CNPA interpelle l’Etat sur la poursuite des aides en 2021

Le CNPA tire la sonnette d’alarme et rappelle qu’il est indispensable que le Gouvernement se positionne et clarifie les modalités de soutien aux entreprises au cours des prochains mois. Des propositions doivent être mises sur la table à l’attention des TPE et PME pour accompagner financièrement les entreprises, telles que la mise en place d’un « prêt de consolidation » garanti par l’Etat et amortissable sur 10 ans, ou la possibilité, pour les PGE non consommés, de les rembourser sans intérêt à l’issue de la période de différé de 2 ans.

Les services de l’automobile représentent l’un des secteurs ayant eu le plus recours aux dispositifs de soutien de l’Etat :

  • Sur l’ensemble du secteur : près de 30 % des entreprises répondantes ont bénéficié d’un Prêt Garanti par l’État ; à peine 30% des entreprises seront en mesure de rembourser leur prêt cette année, 30% d’entre elles déclarent n’avoir aucune visibilité sur leur capacité à rembourser le PGE ;
  • Le recours au PGE a été massif, plus particulièrement chez les concessionnaires (73%), les services multimarques de l’après-vente (68%) et les parcs de stationnement (80%). Pour chacune de ces activités, plus de 20% des entreprises ayant contracté un PGE ne pourront pas le rembourser en 2021 ;
  • Par ailleurs, il est à noter que 25% des entreprises répondantes ont eu recours au report de charges fiscales sociales ;
  • Les aides de l’Etat constituent un soutien efficace et utile pour assurer la continuité de l’activité, puisque la quasi-totalité des entreprises répondantes (95%) estiment nécessaire la prorogation des aides de l’Etat pour soutenir leur activité au cours des prochains mois.

La branche des services de l’automobile s’est elle-même fortement mobilisée auprès des entreprises dans un contexte totalement inédit de crise sanitaire : pour soutenir les entreprises et les salariés, IRP AUTO, instance paritaire de référence dans le domaine de la prévoyance et de la santé, a ainsi déployé, dès le début de cette crise, un dispositif d’accompagnement « Spécial COVID 19 ». A l’appui de prestations en distanciel, ce sont ainsi plus de 4600 prestations qui ont été déployées au cours de l’année écoulée, dont la mise en place d’un numéro "Cristal" en vue d’apporter un soutien moral et psychologique accessible aussi bien aux chefs d’entreprise qu’aux salariés.

Au total plus de la moitié de l’ensemble des prestations à disposition de la profession sont réalisées dans les entreprises de moins de 10 salariés.

IRP AUTO a également élaboré un guide sanitaire de bonnes pratiques spécifique aux métiers des services de l’automobile mis à disposition des entreprises dès le 17 avril dernier et mis à jour en fonction de l’évolution des exigences légales et règlementaires.

Un plan de relance peu visible pour les entreprises, et inadéquat pour les TPE-PME

Les pouvoirs publics communiquent actuellement sur le fait que la période est propice à une prise de conscience et à une accélération en matière de digitalisation et de transition écologique des activités. Selon l’enquête menée par le CNPA, les chefs d’entreprise considèrent pourtant que la période ne leur donne pas les moyens d’accélérer leur transition : seules 11% d’entre elles considèrent que la crise leur permettra d’accélérer leur transition digitale ou énergétique.

Le Plan de Relance peut être un levier pour accélérer ces transformations. Cependant, l’enquête démontre un manque de communication sur ce Plan, et son inadéquation avec les attentes et les besoins des entreprises en cette période de crise. En particulier, le Plan de Relance ne semble pas promouvoir de dispositifs spécifiques aux TPE-PME, qui semblent davantage ciblés sur l’industrie que sur l’écosystème des services pourtant bien plus important en nombre d’entreprises et de salariés. Ainsi, selon cette enquête, seulement 17 % des entreprises pensent que les aides du Plan de Relance sont adaptées à leurs besoins. Les entreprises font état d’un manque d’information sur les mesures et d’une communication inadaptée autour du Plan de la part du Gouvernement.

Face à ces éléments de constat, le CNPA a lancé un important programme d’actions visant à promouvoir auprès du Gouvernement des projets éligibles au Plan de Relance et ciblés sur l’écosystème des services de l’automobile et de la mobilité - participant aux objectifs prioritaires de ce Plan – à savoir la digitalisation, la transition écologique et la compétitivité des entreprises.

En effet, si le secteur s’est résolument engagé dans la transition énergétique et digitale, la crise sanitaire a mis un coup d’arrêt aux projets de transformation des entreprises, qui souffrent par ailleurs d’un important déficit de compétitivité. De façon plus générale, le secteur souffre d’une instabilité persistante du cadre réglementaire et fiscal, qui met à mal cette transformation.

Les entreprises des services de l’automobile n’ont pas la taille et les moyens de s’inscrire dans les appels à projet prévus dans le cadre du Plan de relance, notamment les TPE et PME du secteur, alors qu’ils ont des besoins réels pour réussir la transition écologique et digitale.

Dans ce contexte, des actions collectives pour les PME et TPE doivent être portées au cours des prochains mois en matière de transition écologique et digitale, qui pourraient bénéficier de soutiens dans un cadre qui soit propice et adapté à ces entreprises.

Il est indispensable d’inscrire les organisations professionnelles au cœur du Plan de relance, comme en Espagne par exemple. Tel qu’il est conçu à ce stade, ce Plan est trop vertical et se prive d’un appui opérationnel central s’agissant de la traduction des grands enjeux tels que la transition écologique et la transition numérique. Le CNPA, en tant qu’organisation professionnelle, souhaite plus que jamais être porteur de ces actions pour nos entreprises.

En dépit de ces difficultés, la branche des services de l’automobile et de la mobilité s’est montrée particulièrement active en matière de formation des jeunes et des apprentis. Rappelons qu’en septembre 2020, ce sont 33.700 jeunes en alternance et formés aux métiers de l’automobile (du niveau CAP au diplôme d’ingénieur) qui ont été comptabilisés : 31.000 jeunes en contrats d’apprentissage, soit une augmentation de 12% par rapport à l’année 2019 ; ainsi que 2.700 jeunes en contrat de professionnalisation. La Semaine des Services de l’Automobile et de la Mobilité (SSAM), du 30 janvier au 6 février dernier, qui n’a pas été relayée par le Gouvernement, a ainsi permis de promouvoir la diversité des débouchés et des métiers dans le secteur, à travers près de 600 manifestations sur l’ensemble du territoire.

> À propos du CNPA

Le Conseil National des Professions de l’Automobile représente la 5ème branche économique de France avec 150 000 entreprises de proximité et 500 000 emplois non délocalisables. Le CNPA défend l’intérêt général des services de l’automobile en animant une dynamique de filière et en développant une approche prospective sur des thèmes communs à tous les métiers de la mobilité tels que l’activité économique, l’emploi, les nouvelles technologies, le développement durable ou encore l’économie circulaire.

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