Le fabricant japonais de pneus Bridgestone a annoncé mercredi dernier son projet de fermeture de son usine de Béthune, dans le Pas-de-Calais, d'ici au 2ème trimestre 2021.

Le groupe invoque notamment une surcapacité de production en Europe. Une décision vivement critiquée par le Gouvernement, la Région, et les Elus locaux. Une réunion s'est tenue aujourd'hui à Béthune, en présence des Ministres du Travail et de l'Industrie, de la Direction de Bridgestone Europe et des Représentants du Personnel.

Vous trouverez ci-dessous le dernier communiqué de presse de Bridgestone Europe, suite à la concertation ouverte cet après-midi.

Les Ministères du Travail et de l'Industrie ont décidé au stade actuel de mener une contre-expertise des scénarios étudiés par Bridgestone afin de soumettre des solutions alternatives à la fermeture de Béthune. Un point d'étape est prévu d'ici 2 à 3 semaines.

Si cette annonce crée naturellement une indignation légitime, il faut aussi apprécier la situation avec recul et lucidité en tenant compte du contexte général :

- D'autres industriels du même secteur ont été dans une situation comparable avec des fermetures de sites intervenues en France ou en Allemagne.
- Le marché du pneumatique pour véhicules de tourisme est dans une situation complexe depuis plus d’une dizaine d’années. Ce contexte, indépendamment de l’impact de la crise liée au Covid-19, affecte les résultats et la compétitivité des entreprises comme Bridgestone en Europe.
- Le marché automobile européen a chuté de près de 40% au premier semestre et devrait rester en baisse de 25% sur l'année 2020.
- La concurrence de marques à bas-coûts entraîne une pression sur les prix et une surcapacité de production sur le marché. Ainsi, la part de marché des marques asiatiques est passée de 6 % à 25 % en Europe entre 2000 et 2018.
- En une décennie, les effectifs de l’usine de Béthune ont chuté de 40%, au même rythme que ses volumes de production (passés de 8,5 millions d'unités à 5,1 millions) dans un marché stable. Les mesures engagées ces dernières années par Bridgestone visant à renforcer la performance industrielle de l'usine de Béthune n'ont pas permis de redresser durablement la situation.


En complément du nécessaire recalibrage de la politique commerciale de l'Union européenne à l'égard des pays asiatiques, le CNPA estime que cette situation illustre des problèmes structurels auxquels le Gouvernement a annoncé vouloir remédier pour relocaliser des activités industrielles. Elle est également le résultat de politiques publiques et de communications peu favorables à la stabilisation et au développement de la filière automobile en France.
Il est par conséquent essentiel que le plan de relance puisse se déployer très rapidement pour éviter d'autres spirales "à bas bruit" dans les entreprises de manière générale et dans la filière automobile en particulier au niveau de toutes ses composantes industrielles, commerciales et de services.

Face à ce drame humain et à ce choc économique dans les Hauts-de-France, le CNPA estime que le dialogue social est le meilleur vecteur de solutions d'accompagnement les plus adaptées aux 863 salariés concernés.

Le CNPA étudie actuellement celles qu'il pourrait encourager au travers de l'OPCO Mobilités et de l'ANFA, compte tenu des offres d'emplois disponibles dans la Région au niveau des services de l'automobile, afin, le cas échéant, de faire organiser et financer les parcours de formation correspondants.
Après un premier échange de vues avec des membres de la Direction de Bridgestone, il se tient à la disposition de l'Etat, de la Région, et des parties prenantes pour concrétiser les actions opérationnelles qui pourront être retenues.

Enfin, il faut souligner que Bridgestone restera implanté sur le territoire français à travers sa filiale commerciale et son réseau de distribution, soit environ 3.500 salariés couverts par la Convention Collective des Services de l'Automobile.


Très cordialement,

Xavier Horent, Délégué Général / PO. Francis Bartholomé, Président national

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