"Sauver les emplois tout en réduisant les émissions"

industriAll Europe, Ceemet, ACEA, CLEPA, CECRA et ETRMA appellent à un plan de relance ambitieux pour le secteur automobile

Comme vous le verrez dans la presse de ce soir et de demain matin, les débats européens se poursuivent activement, et il est encore difficile d'en prévoir l'issue... Une des raisons pour laquelle la France a présenté son plan de relance automobile hier sans attendre de coordination à l'échelle européenne - il faut le regretter - et compte tenu de l'urgence spécifique à notre filière.

Nous aurons l'occasion d'y revenir, à la fois au plan national et au plan local.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué auquel s'est jointe notre organisation européenne, le CECRA, avec ses principaux partenaires européens.

Bien à vous,

Xavier Horent, Délégué Général / PO. Francis Bartholomé, Président national


Depuis de nombreuses décennies, le secteur automobile européen est l’un des piliers fondamentaux du bien-être économique et social de l’Europe. Le secteur fournit des emplois indirects à 13,8 millions de travailleurs. Une voiture sur quatre qui circule dans le monde sort encore des usines européennes. Le secteur est très innovant et représente 20 % du financement de la recherche industrielle en Europe. Le secteur automobile européen est devenu un leader mondial fortement tourné vers l'exportation. C'est un bastion de l'industrie européenne et un moteur pour l'emploi et la croissance économique dans toute l'Europe. Au vu des importantes interconnexions économiques avec d’autres secteurs tout au long de la filière, son importance pour l’emploi et la croissance dans l’ensemble de l’économie est claire.

La COVID-19 a entraîné le secteur dans une crise sans précédent avec un arrêt effectif de la production et de la distribution de véhicules en Europe pendant plusieurs semaines. Les ventes se sont arrêtées, les investissements se sont effondrés, et la commercialisation de nouveaux modèles propres a été reportée. Dans le même temps, l'organisation du travail post-pandémie fait grimper les coûts de production.

L'impact économique et social de la crise de la COVID-19 sur le secteur automobile est particulièrement sévère. Les travailleurs ont vu leurs revenus baisser malgré les régimes de chômage partiel dont ils bénéficient, et les entreprises subissent des pertes de liquidités dues au manque de revenus. Pour l'instant, la visibilité sur ce que l’avenir nous réserve est faible. Si cette situation persiste, le secteur risque de s'effondrer avec des faillites et des restructurations massives.

Au cours de la crise financière (2008-2013), le secteur automobile a perdu 440 000 emplois (construction automobile et marché secondaire). En l’absence de mesures, ce chiffre risque d'être dérisoire par rapport à la récession actuelle qui menace d'être beaucoup plus profonde.

C'est pourquoi industriAll Europe, Ceemet, ACEA, CLEPA, CECRA et ETRMA, les organisations syndicales et les associations industrielles européennes du secteur, réclament à la Commission européenne un plan audacieux de relance industrielle.

Un tel plan doit reposer sur deux objectifs. Tout d'abord, celui de remettre le secteur sur les rails en stimulant les ventes et en relançant la production, puis celui de soutenir l'industrie dans son avancée vers un avenir neutre en carbone, sur la base du Green Deal et des objectifs climatiques de l’Europe.

Aujourd'hui, le secteur a largement investi dans sa transition vers le nouveau paradigme d'une économie numérisée et neutre en carbone : motorisation alternative, batteries, voitures connectées, services de mobilité et conduite automatisée. L’industrie peut apporter une véritable contribution au Green Deal et à la réponse à l’urgence climatique. Mais avec la COVID-19, le soutien des gouvernements nationaux et de la Commission européenne est nécessaire pour aider le secteur à faire les investissements nécessaires à sa transition vers la décarbonation tout en soutenant les emplois européens et en continuant à contribuer aux exportations de l’UE et au bien-être social des citoyens européens.

Afin de remettre le secteur sur les rails et lui permettre de sortir de la récession, le secteur automobile européen a besoin d’urgence :

- De mesures coordonnées pour soutenir la relance de l’industrie y compris le marché secondaire, avec des lignes directrices harmonisée sur les mesures préventives en matière de santé et sécurité sur le lieu de travail ; une coordination est également nécessaire pour éviter d’autres interruptions dans les chaînes d’approvisionnement perfectionnées de l’automobile
- D’un soutien aux entreprises viables pour maintenir leur résilience. Pour éviter que les actifs ne soient bloqués, des aides de trésorerie doivent être maintenues aussi longtemps que nécessaire : aides d'État, garanties d'investissement, allégements fiscaux, prêts bonifiés
- D’une aide aux entreprises à maintenir/développer leur capital humain tout en préservant les revenus et la sécurité de l'emploi des travailleurs, par exemple en poursuivant les régimes de chômage partiel liés au perfectionnement des compétences
- De l’introduction/du renforcement de mesures temporaires de stimulation de la demande par des programmes de renouvellement des véhicules, qui sont coordonnés au niveau européen et soutenus financièrement par la Commission européenne. Ces mesures devront être éligibles pour les dernières technologies mais aussi être différenciées selon leur performance en matière de sécurité et d’environnement sur la base des émissions de CO2 certifiées. La stimulation de la demande est nécessaire pour relancer les chaînes de montage et préserver les emplois. Elle devrait également rétablir la capacité des entreprises à générer les flux de trésorerie dont elles ont besoin pour investir dans un avenir durable.
- D’une prise en compte des circonstances extraordinaires lors de l’évaluation de l’impact des réformes réglementaires sur le secteur.

Pour aider le secteur à réaliser les transitions numérique et bas carbone, nous demandons à la Commission européenne de prendre les mesures suivantes :

- Développer et maintenir un leadership technologique grâce à des programmes technologiques ambitieux pour soutenir les transitions numérique et bas carbone
- Apporter une aide à l'investissement (subventions, prêts, fonds propres) pour l'introduction sur le marché de nouvelles technologies durables
- Accélérer le déploiement des infrastructures de charge et de ravitaillement en carburant pour les voitures, camionnettes et véhicules commerciaux dans les lieux publics et privés et mettre à disposition au moins 2 millions de points de charge et de stations de ravitaillement dans l'UE pour tous les types de véhicules
- Introduire/renforcer les mesures incitatives sur le marché pour promouvoir l'adoption de motorisations alternatives
- Promouvoir la collaboration et les alliances industrielles pour partager le coût du développement et de l'introduction sur le marché de nouvelles technologies à faible intensité en carbone
- Faciliter les investissements dans l'infrastructure numérique de prochaine génération en tant que facteur clé pour une connectivité plus fiable entre les véhicules
- Utiliser des marchés publics innovants pour soutenir la demande et mettre de nouvelles innovations sur le marché
- Booster les investissements dans la recherche et les développements, ainsi que dans la production de batteries, l’hydrogène et les carburants liquides bas carbone, au sein de l’Union européenne.
- Développer l'économie circulaire liée à la chaîne d’approvisionnement automobile (recyclage, réusinage, réutilisation)
- Soutenir les nombreuses PME du secteur automobile dans la redéfinition de leur positionnement dans la chaîne de valeur dans un paysage automobile en pleine évolution
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La crise de la Covid-19 risquant d’impacter sévèrement l'emploi, industriAll Europe, Ceemet, ACEA, CLEPA, CECRA et ETRMA demandent que soit organisée une transition juste pour chaque travailleur touché par une restructuration. Les solutions doivent être trouvées par une anticipation opportune du changement, un dialogue social efficace à tous les niveaux, des politiques actives du marché du travail, le perfectionnement et la mise à niveau des compétences, le soutien aux plans de reconversion des régions automobiles.

IndustriAll Europe, Ceemet, ACEA, CLEPA, CECRA et ETRMA insistent pour le plan de relance européen à venir accorde l'attention qui convient à un secteur qui a déjà beaucoup investi dans sa transition et qui a l'ambition de poursuivre ces investissements une fois qu'il aura surmonté la crise de la Covid-19. Pour sauver les emplois et les entreprises, il est important d'agir de manière décisive pour assurer la continuité de l'activité économique, éviter les faillites et prévenir les licenciements massifs.

L'UE doit garder l'ambition de conserver l'ensemble de la filière automobile au sein de l'UE. Cela permettrait à l’UE de garder un secteur automobile européen fort, de maintenir son leadership mondial dans le domaine des véhicules propres, d'atteindre ses objectifs climatiques et de maintenir/créer des emplois de haute qualité. Enfin, la relance du secteur automobile aura des répercussions positives sur l'ensemble de l'économie.

Le secteur automobile européen en chiffres

  • 13,8 millions d’Européens travaillent dans l’automobile, ce qui représente 6,1% de tous les emplois de l’UE.
  • 11,4% des emplois de l’industrie de la fabrication de l’UE - quelque 3,5 millions – sont dans le secteur automobile.
  • La taxation des véhicules motorisés rapporte 440,4 milliard d’Euros aux gouvernements sur les grands marchés européens
  • L’industrie automobile génère un surplus commercial de 84,4 milliards d’euros pour l’UE.
  • Le chiffre d’affaires généré par l’industrie automobile représente plus de 7% du PIB de l’UE.
  • Avec 57,4 milliards d’euros d’investissements annuels dans la R&D, le secteur automobile est l’un des plus grands contributeurs à l’innovation, en représentant 28% des dépenses totales de l’UE.
  • Le parc de véhicules motorisés de l’UE vieillit d’année en année. Les voitures particulières ont, en moyenne, 11,1 ans, les camionnettes 11 ans et les véhicules commerciaux 12 ans

A propos des organisations

IndustriAll European Trade Union est la fédération de syndicats indépendants et démocratiques représentant les travailleurs dans les secteurs du métal, de la chimie, de l’énergie, des mines, du textile, de l’habillement et de la chaussure ainsi que des industries et activités qui y sont liées. IndustriAll Europe représente 7 millions de travailleurs et travailleuses unis au sein de 180 syndicats nationaux de 38 pays européens.

Contact : Andrea Husen-Bradley, press & communication, ahb@industriall-europe.eu, +32 473 73 43 63, www.industriall-europe.eu

ACEA, l’association des constructeurs automobiles européens, représente les 16 grands constructeurs de voitures, camionnettes, camions et bus basés en Europe : BMW Group, CNH Industrial, DAF Trucks, Daimler, Ferrari, Fiat Chrysler Automobiles, Ford of Europe, Honda Motor Europe, Hyundai Motor Europe, Jaguar Land Rover, PSA Group, Renault Group, Toyota Motor Europe, Volkswagen Group, Volvo Cars, et Volvo Group.

Contact : Cara McLaughlin, Communications Director, +32 485 886 647, cm@acea.be, www.acea.eu

CECRA est la fédération européenne qui rassemble les associations professionnelles nationales représentant les intérêts des entreprises du commerce et de la réparation automobile et des concessionnaires européens. Au niveau européen, CECRA représentent 336.720 entreprises du commerce et de la réparation automobile qui emploient 2.9 millions de personnes.

Contact : Bernard Lycke, Director General, +32 475 932 693, bernard.lycke@cecra.eu, www.cecra.eu

CLEPA, l’Association européenne des équipementiers automobiles, représente plus de 3000 entreprises fournissant des des composants de pointe et des technologies innovantes pour une mobilité sûre, intelligente et durable, en investissant plus de 25 milliards d’euros par an dans la recherche et le développement. Les équipementiers automobiles en Europe emploient directement et indirectement près de 5 millions de personnes sur tout le continent.

Contact: Pilar Pérez, Communications Director, +32 478 949 159, communications@clepa.be, www.clepa.eu

ETRMA, l’Association européenne des fabricants de pneus et caoutchouc, représente près de 4 400 entreprises dans l’UE, en employant directement environ 370 000 personnes. Les ventes mondiales des membres de ETRMA représentent 70% du total des ventes mondiales, ont une forte présence dans l’industrie de la fabrication et la recherche au sein de l’UE et des pays candidats avec 93 usines de production de pneumatiques et 17 centres de R&D.

Contact: Fazilet Cinaralp, Secretary General, +32 475 34 83 71, f.cinaralp@etrma.org, www.etrma.org

Ceemet représente les employeurs de l’industrie du métal, de l’ingénierie et des technologies en Europe. Ses organisations membres représentent 200 000 entreprises en Europe, fournissant plus de 17 millions d’emplois directs et 35 millions d’emplois indirects.  Ceemet est un partenaire social européen reconnu au niveau sectoriel, en promouvant la compétitivité mondiale pour l’industrie européenne par le biais de la consultation et du dialogue social.

Contact : Chetan Corten, Head of Communications, +32 472 25 02 28, chetan.corten@ceemet.org , www.cemet.org