Édouard Philippe et Olivier Véran ont été entendus hier soir par les membres de la mission d’information sur la gestion de l’épidémie de l'Assemblée nationale, présidée par Richard Ferrand (aussi Rapporteur général).

A noter que les travaux des prochaines semaines vont porter sur les mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.

A l'issue de la crise sanitaire, la mission d'information disposera des pouvoirs d'une commission d'enquête pour traiter les fondements de la crise, et ses conséquences sur tous les secteurs (économique, social, culturel, etc.) - elle pourra donc contrôler et évaluer plus en détail les décisions du Gouvernement dans ce cadre.

D'emblée, le Premier ministre a prévenu que le déconfinement ne pourra certainement pas se faire « en une fois », mais par étapes, en fonction de critères à définir - probablement en fonction de critères régionaux ou d'âge de la population.

La majorité des questions et des interventions ont porté sur la gestion de la crise sur le plan sanitaire, et les points spécifiques suivants:

Conséquences économiques de la crise : Edouard Philippe a reconnu que le confinement aurait des "conséquences extrêmement lourdes" sur le monde économique. Selon lui, "il est certain qu'une crise économique va survenir après la crise sanitaire, voire une crise financière, qu'il convient de surmonter".

Mesures de soutien aux entreprises : selon les derniers chiffres communiqués par le PM, 337 000 entreprises soit 3,2 millions de salariés bénéficient actuellement du mécanisme d'activité partielle. Il a reconnu que des difficultés ont pu être rencontrées par certaines entreprises pour bénéficier du dispositf, en raison d'un afflux de demandes considérable qui a engorgé le système. Tout ceci est sur le point d'être réglé, le ministère du Travail s'y est attelé.
En outre, le Gouvernement communiquera, quand il le pourra, des chiffres régionalisés et par secteur d'activité pour voir quels secteurs/régions sont les plus touchés par la crise.

Contribution des assureurs aux mesures de soutien des entreprises : de nombreux députés souhaitent que le secteur des assurances soit davantage associé au soutien du monde économique. Certains déplorent que la situation de pandémie ne soit pas reconnue comme un "état de catastrophe sanitaire", ce qui permettrait aux entreprises d'être couvertes par leur contrat d'assurance pertes d'exploitation. Selon Édouard Philippe, Bercy travaille en ce moment-même avec les assureurs "pour faire en sorte qu'ils s'associent dans la durée aux efforts" - au-delà de leur participation au Fonds de solidarité.

Maintien de la chaine logistique : selon Edouard Philippe, "il faut que toutes les chaines logistiques soient maintenues" ; cela passe par la mobilisation des transporteurs routiers, qu'on oublie souvent, et que le Premier Ministre a tenu à saluer.

Protection des salariés : le Gouvernement travaille à l'élaboration de guides de bonnes pratiques pour garantir la sécurité sanitaire des salariés qui sont au contact du public. Mais Édouard Philippe compte également sur le dialogue social au sein de l'entreprise elle-même pour aborder la question. En outre, l'approvisionnement / la production de masques doit permettre de garantir la continuité de la vie économique à la fin du confinement.

Sur l'approvisionnement / la production de masques : la tension sur le marché est immense. Édouard Philippe a défendu l'action gouvernementale en indiquant que l'Etat a augmenté la production nationale "très tôt", et a passé des commandes de masques dès le 30 janvier, puis régulièrement en février.

Sur les tests : la semaine passée, le pays était en mesure d'effectuer 5 000 tests quotidiens de dépistage du coronavirus. Édouard Philippe veut quadrupler ce chiffre pour atteindre le cap des 20 000 tests par jour. Édouard Philippe a toutefois appelé à la prudence sur l'interprétation des chiffres et notamment les comparaisons avec d'autres pays (type Allemagne, qui réaliserait 500 000 tests/jour).

Sur la stratégie liée au confinement / déconfinement : le Gouvernement a fortement été critiqué sur la proportionnalité des mesures prises dès le début du confinement. Selon le PM, "quoi qu'on décide, on sera toujours critiqué", qu'on annonce une courte/longue période de confinement. La stratégie du gouvernement est de "confiner la population aussi longtemps que ce sera nécessaire sur le plan sanitaire". Sur la sortie du confinement, cela se fera progressivement comme annoncé en propos liminaire.
 

Comme vous le constatez, l'environnement reste encore très instable. Les modalités d'organisation, notamment au niveau des mesures de "déconfinement" , sont naturellement à prendre en compte dans la conception d'un plan de relance qui doit s'inscrire de manière synchronisée pour en optimiser l'impact.
 

Xavier Horent, Délégué Général / PO. Francis Bartholomé, Président national