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Pourquoi le marché automobile français patine

En octobre, les immatriculations ont reculé de 3,8 %. Les Français gardent leurs véhicules plus longtemps, en les faisant rouler moins. De plus, ils se reportent vers les véhicules les moins chers et sur l’occasion.

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Publié le 17 novembre 2014 à 19h31, modifié le 19 août 2019 à 14h17

Temps de Lecture 3 min.

Les chiffres se passent de commentaires. Quand les consommateurs européens reviennent dans les concessions automobiles, les Français les désertent sur le territoire national. Au mois d’octobre, les immatriculations de voitures neuves particulières (hors utilitaires) ont rebondi de 6,1 % dans l’Union européenne (1,1 million de véhicules), alors qu’elles ont chuté de 3,8 % en France, selon les données de l’Association européenne des constructeurs européens publiées mardi 18 novembre.

Sur dix mois, le marché sur le Vieux Continent a augmenté de 6,5 %, à 10,6 millions de véhicules. En Europe, les données font tourner la tête. Le Royaume-Uni (9,5 %), l’Espagne (18,1 %), l’Irlande (29,6 %) affichent des croissances à faire pâlir… En France, les ventes stagnent. Sur dix mois, elles ont progressé de 1,4 %…

 

 

« Nous sommes sur un marché étale. On ne voit pas d’évolution, confirme François Roudier, du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). Cette année, le marché devrait progresser de 2 %, voire peut être un peu plus. » Au moins il ne baisse pas, soulignent tout de même les acteurs et observateurs du marché.

Si ces performances sont médiocres, elles s’expliquent largement. D’un point de vue statistique d’abord. « Le marché français a moins reculé que les autres pays pendant la crise, précise ainsi Flavien Neuvy, de l’observatoire Cetelem de l’automobile. L’Espagne ou l’Italie ont vu leur marché s’effondrer de 50 % entre 2008 et 2012. Du coup, la remontée est plus spectaculaire, mais le nombre de ventes reste relativement limité. »

Moral en berne des ménages

Dans la péninsule Ibérique, le marché devrait atteindre les 800 000 immatriculations en 2014, contre 1,5 million avant 2007. En Italie, le marché devrait écouler 1,3 million de véhicules, contre plus de 2 millions avant la crise. La France est, elle, d’une stabilité à toute épreuve.

Le marché des véhicules privés est tombé de 2 millions, avant la crise, à 1,8 million en 2012 après des années fastes soutenues par la prime à la casse. Désormais, le marché national tourne autour de 1,8 million de véhicules. « Le marché ne devrait pas repartir avant 2016-2017 », confie Christophe Maurel, du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA).

« Si l’on regarde la totalité des immatriculations, note M. Roudier, on constate que les ventes aux professionnels restent relativement solides alors que les ventes aux particuliers sont en baisse. La part des ventes aux particuliers reste très faible, à tout juste 50 %. En clair, c’est le moral des ménages qui est en berne et qui explique la faiblesse du marché français. »

Avec des indicateurs macroéconomiques au plus bas et un taux de chômage au plus haut, rien n’incite aujourd’hui à l’optimisme. Selon M. Neuvy, seulement 3,5 % des ménages français s’équipent désormais d’une voiture neuve chaque année… « Après le logement, la voiture est l’un des premiers postes d’un ménage. Et, aujourd’hui, les Français ne veulent pas investir dans des achats trop impliquant », assure l’expert.

Le succès Dacia

Si certains citoyens abandonnent la voiture pour s’orienter vers des systèmes d’autopartage, cela reste une minorité. Les Français achètent en fait toujours des véhicules, mais ils les gardent plus longtemps, en les faisant rouler moins. De plus, ils se reportent vers les véhicules les moins chers. Dans les véhicules neufs, 84 % des voitures vendues au premier semestre en France étaient des modèles petits et moyens inférieurs. Leur proportion était de 70 % au premier semestre 2007.

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Si les constructeurs français ont retrouvé des couleurs avec des véhicules dans l’air du temps (Peugeot 2008, Renault Captur), le plus gros succès de ces dernières années reste Dacia. La marque à bas coût n’a jamais été aussi populaire en France. Depuis le début de l’année, la marque du groupe Renault a écoulé 90 000 véhicules, en hausse de 18 %. Sa part de marché est désormais de 5 %, contre 1,5 % en 2007…

Autre signe d’une relative paupérisation du marché automobile français : l’essor des ventes de véhicules d’occasion (VO). « Le mois d’octobre a connu un pic des ventes de VO. Aujourd’hui, il se vend 3,1 véhicules d’occasion pour un véhicule neuf en France alors qu’en Europe la moyenne est plus proche de 2,2 », assure Vincent Hancart, du site de ventes de VO Autoscout 24. Sur les dix derniers mois, le CNPA estime qu’il s’est vendu 4,5 millions de VO.

Plus marquant, relève M. Maurel « dans l’occasion, le marché le plus dynamique est celui des véhicules de plus de cinq ans. Celui des voitures de moins de cinq ans est pour sa part atone. Aujourd’hui, les gens sont prêts à investir jusqu’à 6 000 euros pour un véhicule d’occasion ».

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